A-vide

C’est qu’au théâtre, on raconte des histoires. Il faut des histoires. Des histoires où se reconnaître. Une fable. C’est qu’on n’y échappe pas. Jamais. C’est qu’on ne laisse pas de place au vide, au silence, aux balbutiements. Qui bredouille se tait. Qui hésite meurt. Qui tremble sort. Et pourtant, Charlotte est au plateau. Menue, timide, sans rien à raconter que son histoire de rien. Histoire de vide, de balancement. Grand vide d’où naissent le feu, la joie... la danse. De ce vide, l’élan vers l’autre. De ce vide, le rapport au monde, au théâtre. De ce vide tirer les premières lignes d’une histoire à naître. Histoire d’une femme qui danse, qui cherche, trébuche, se cogne. C’est l’histoire d’une histoire qui ne se raconte pas, qui cueille le public à l’endroit du doute, de l’errance, de l’égarement. Manifeste pour un théâtre où la parole se fragmente, se déploie, s’enflamme. Manifeste pour un théâtre où l’incendie naît d’un grand aveu : nous n’avons rien à raconter que nos histoires de rien ; rien à danser que nos vides, nos maladresses d’enfants perdus.

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